Espagnol, chinois, swahili… des défis pour certains, des cauchemars pour d’autres, mais il n’est jamais trop tard pour apprendre une nouvelle langue!

Que ce soit par plaisir d’apprendre ou pour gagner en valeur ajoutée, on n’est jamais trop vieux pour apprendre une nouvelle langue, qu’on se le dise. Mais comme dans toute acquisition de nouvelles compétences, il vaut mieux savoir où l’on met les pieds histoire de ne pas décrocher trop tôt! Je vous transmets les conseils que les pros du dico m’ont toujours donnés: a) cherchez une très bonne source de motivation, et b) trouvez une utilité immédiate à l’apprentissage (surtout cette dernière). Et si cela ne suffit pas à motiver les troupes, lancez-vous dans l’expatriation. Un argument qui se suffit à lui-même ! 😉

Je dis cela aujourd’hui comme une évidence, mais sachez qu’en début d’année je n’étais pas très chaude (et c’est peu dire!) à l’idée de retourner sur les bancs d’école. Pourtant il m’a suffit d’à peine quelques passages devant les vitrines des chocolatiers de Berne pour que l’inspiration revienne au galop. Merci chers Maîtres, vous avez tapé dans le mille! Le premier de mes objectifs a été rapidement défini: « Pas d’allemand, pas de chocolat ». Si ce n’est pas une motivation solide ça…

Chocolat-suisse

Mon traumatisme avec l’allemand

Depuis toujours, les langues étrangères me passionnent. Toutes sauf une. Pourquoi l’allemand a-t-il toujours refréné mon enthousiasme ? Ce n’est pas en lisant Freud que vous trouverez la réponse! Et si je vous disais que j’ai appris soigneusement à détester cette langue à cause d’une ressortissante autrichienne qui (venue en Espagne pour la culture le soleil de Marbella) se faisait passer pour un professeur d’université. Aïe… dans l’univers de l’enseignement, l’habit ne fait pas le moine! Ce n’est pas parce qu’on parle une langue, qu’on est capable de l’enseigner. Dites que j’exagère, mais à l’idée de reprendre des cours d’allemand, j’avais des sueurs froides.

Aujourd’hui j’en suis ravie, je saute de joie bim bim bim 😉 ! Trois mois de cours intensifs ont suffit à dompter cette hostilité virulente que j’éprouve depuis longue date à l’égard de la langue de Goethe. Je ne vois plus cela comme un mal nécessaire à la vie en Suisse alémanique, au contraire, je m’éclate! Ce réveil intellectuel, mais aussi convivial, que j’éprouve 17h par semaine, me redonne de l’entrain. Je n’ose pas encore me l’avouer sérieusement mais il est en train de réveiller chez moi des velléités de reprise d’études (!)

Ma motivation est bien réelle sauf que je suis encore loin d’être autonome (Google Translation n’est jamais trop loin…) 😦 . Alors du coup, les regrets reviennent. C’est sûr que je n’en serais pas là aujourd’hui si, au moment de mon expatriation en France, je n’avais pas délaissé l’allemand au profit de la langue de Molière. On finit toujours par regretter le manichéisme. S’agissant d’une langue dont la pratique est primordiale, ce fût une erreur fatale. Je dis ça parce qu’en ce moment, la grammaire… je la sens passer!

Plus facile à dire qu’à faire, ô combien!

En toute honnêteté, ça n’a pas été facile de se remettre à l’allemand. Surtout parce que je me verrais déjà être capable de réussir un entretien de recrutement ! Il y a de cela quelques semaines j’avais encore le moral dans les chaussettes. Et puis d’un coup, au bout de 60h de cours, le blocage est parti et ma motivation est montée en flèche. Les mots en allemand revenaient, et très vite. Disons aussi vite que le vocabulaire dans les autres langues partait ! « Normal », disent les neurolinguistes, ça devrait finir par s’harmoniser. Rassurée oui, mais ça ne m’arrange pas! Je suis atteinte d’une sorte d’aphasie que j’espère réversible aussitôt que les nouvelles structures grammaticales auront imprégné mes neurones ( et que ça saute!) Le vocabulaire français s’appauvrit, l’espagnol est aux abonnés absents et l’anglais c’est comme si je ne l’avais jamais parlé. Des mots qui viennent, d’autres qui s’en vont… Entre ceux qui arrivent et ceux qui partent, mes réseaux de neurones sont plus encombrés que les couloirs de Châtelet-les-Halles.

Ce compte instagram qui a eu la bonne idée de me faire un clin d’œil la semaine dernière illustre avec beaucoup d’humour quelques situations loufoques typiques de la communication et souvent liées à l’apprentissage des langues. Vous êtes vous déjà trouvé dans cette situation?

L’allemand n’est pas sorcier…

Disent les linguistes… en revanche, les idées reçues sont nombreuses et mordantes. La perception des difficultés dans l’apprentissage d’une langue (parfois liée à des préjugés) est une question on ne peut plus subjective. Les francophones, par exemple, s’accordent à dire que l’allemand est naturellement une langue extrêeeeeeeement compliquée et avec une sonorité é-pou-van-ta-ble. « Ça casse les oreilles » disent-ils très élégamment  😉 . Des propos immérités, il me semble. Disons plutôt que toute langue est susceptible de nous déranger du moment où on ne pige pas un mot.

sorciere-lune

Depuis que je me laisse bercer par cette chanson douce que me chante ma prof d’allemand 😉, je sens que

1-je suis devenue plus forte en calcul mental. La syntaxe particulièrement rigide de l’allemand m’oblige à faire tourner (surtout retourner!) dix fois dans ma tête toutes les composantes d’une phrase. Quand les subordonnées s’emmêlent, il me faut en moyenne 30 bonnes secondes pour arriver à pondre la moindre phrase. Qu’est-ce qu’elle me donne du fil à retordre !

2-j’écoute beaucoup plus activement mes interlocuteurs. J’ouvre grand les oreilles, j’attends, j’attends, et puis j’attends. Non pas parce qu’il s’agit d’une langue au pouvoir hypnotisant, mais parce que le verbe ne venant qu’à la fin d’une (souvent longue) phrase, il ne me laisse pas d’autre choix que de permettre à mon interlocuteur d’épuiser son discours. J’attends ce fichu verbe avant de savoir comment je dois réagir! Vous pariez qu’à Berne les séances parlementaires sont beaucoup plus zen qu’en France ou en Espagne?

La Suisse et le multilinguisme

Voici un petit portrait expéditif de la situation linguistique de mon nouveau pays d’accueil (finalement assez proche de celle de l’Espagne). En Suisse, 4 langues officielles cohabitent par ordre d’importance : l’allemand, le français, l’italien et le romanche, et sont plus ou moins dominantes selon le canton. En pratique, les suisses utilisent trois langues : allemand, français et italien. Le romanche est une langue minoritaire (famille du latin) que l’on entend uniquement dans le canton des Grisons. Passionnant, n’est-ce pas ? Ceci étant dit, n’allez surtout pas imaginer que les suisses sont tous bilingues ou polyglottes. Ce serait trop simple 😉 .

Repartition-linguistique-Suisse
**Crédit photo: http://ddc.arte.tv/

J’habite actuellement dans le canton de Berne (Suisse alémanique) et malgré la diversité linguistique et son appellation officielle de « canton  bilingue français-allemand », on ne va pas se mentir, l’allemand y est roi. Notamment à Berne, la capitale fédérale. Tout courrier officiel est strictement envoyé en allemand (même ma banque, à qui j’ai demandé de la correspondance en français, fait semblant de ne rien entendre). On va donc dire que ces circonstances peu atténuantes ont prédisposé mon choix de l’allemand. Mais toute fière que je suis de mes exploits linguistiques, les mauvaises langues s’amusent à dire que ce que j’apprends n’est pas de l’allemand…  et pourtant, ça y ressemble fortement. Alors qui dit allemand, ferait peut-être mieux de dire suisse-allemand…? Et c’est là que j’arrête mon cours de géolinguistique. Pour aujourd’hui. Si toutefois cet avant-gout vous a mis en appétit pour une suite, rendez-vous bientôt pour découvrir comment les suisses se débrouillent pour rendre la langue de Goethe très, comment dire… « exotique »? Je donnerai aussi une idée de l’offre de cours d’allemand que j’ai découverte à Berne (parce qu’après tout, qui sait… ça pourrait réveiller des vocations).

Et vous, quelle est la principale motivation qui vous a poussée actuellement (ou par le passé) à apprendre une nouvelle langue ? Partagez vos impressions! Moi je retourne au travail, il ne faut pas perdre de vue ses objectifs: du 70% cacao avec des noisettes entières!

11 commentaires sur « Pas d’allemand, pas de chocolat ! »

  1. Ah, que ton post me parle !
    J’ai trouvé que mon allemand est aussi rapidement revenu une fois les deux pieds dedans (la salle de classe de cours intensifs). Avec tes capacités linguistiques, je ne doute pas que ta maitrise de la belle langue de Goethe (si, si, moi elle me plait) sera rapidement récompensée par le sehr sehr lecker chocolat suisse !

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  2. Qu’est-ce que j’aime ta façon d’écrire le français! Je te trouve remarquable dans cette langue, meilleure que moi même, alors que c’est ma langue maternelle! Je n’ose pas imaginer ce que l’allemand va donner une fois que tu l’auras dans ta poche! (même si c’est du suisse-allemand!)
    Amuse-toi! C’est ça qui fait que les langues sont si belles à apprendre! L’allemand n’étant (par préjugés, certainement) pas celle que je choisirais si je devais apprendre une nouvelle langue, j’adore toujours en découvrir! Quel bonheur en Asie, d’apprendre quelques mots par-ci par-là de thaï, lao, khmer, vietnamien, chinois ou mongol! Quelle facilité parfois, du fait de déjà savoir faire les comparaisons de langues et trouver ce petit truc qui aide à la mémorisation!
    J’ai adoré apprendre le japonais à l’université mais ai tout oublié… J’adorerais reprendre des cours et y ajouter le russe et le hongrois…
    Ah les langues…

    et si en plus, la récompense, c’est cette fameuse tablette de chocolat suisse, alors là, je me jette corps et âme dans l’apprentissage avec toi!
    (tu auras déjà presque réussi à me faire changer d’idée sur l’allemand avec ces quelques mots!)

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    1. Merci pour ces gros encouragements! Ça fait du bien car en ce moment une idée me passe par la tête: arrêter le blog. Mais je résiste de toutes mes forces, elle quand même très belle la langue de Molière! Moi aussi, j’adore apprendre d’autres langues, du coup j’ai appris qqs éléments de dialecte et ça fait très plaisir aux bernois. J’ai ce qu’on appelle en Espagne « un terrible cacao mental »!

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      1. J’imagine ton cacao mental!!! Je trouve toujours ce moment très drôle!
        S’il te plaît, si l’envie est toujours là, n’arrête pas le blog, c’est si bon de te lire!
        Bon, sinon (ou en plus), faut qu’on se trouve sur facebook pour garder contact!
        Bons cours!

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  3. Faut dire qu’avec une telle récompense, tu ne pouvais qu’être motivée ! 🙂

    Mais bravo, respect ! Je ne sais pas s’y j’aurai le courage à me mettre à l’allemand, ce n’est pas une langue qui m’attire et je n’en vois pas l’utilité en +… faudrait que j’y sois obligé…

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    1. C’est ça, utilité immédiate!! Mais je t’assure que si tu passais devant les vitrines de chocolat tous les jours comme je suis obligée de faire… tu changerais d’avis sur l’allemand.

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