Hier soir je tombais sur l’un de ces messages qui circulent sur facebook, en provenance de je ne sais quel site d’éveil de conscience à la con : « Tu ne peux pas commencer le prochain chapitre de ta vie, si tu relis sans cesse le dernier ». Au vu des circonstances actuelles, je crois que pour une fois j’adhère à 100% à ce genre de baratin spirituel. En avant donc, et que ceux qui m’aiment me lisent !

Dernièrement, il a été question de l’Afrique, d’un tourbillon de voyages, d’encore plus de voyages, et d’un gros déménagement. Et la Suisse dans tout cela ? Je n’en parle pas trop, hein ? N’allez pas croire que je suis victime d’hallucinations ou que j’ai succombé à une crise de mythomanie. Noooooon, je suis toujours en pleine possession de mes facultés mentales. J’attendais juste qu’une poussée de stoïcisme vienne faire taire la petite voix intérieure qui n’a cessé de refouler les faits depuis le début de l’année. C’est plus vrai que nature, au 1er janvier 2017 nous avons plongé au cœur de l’hiver suisse-allemand, et nous y sommes toujours. Remarque, j’aurais peut-être mieux fait d’intituler ce post, « 5 astuces pour passer de l’Ugali à la raclette en moins de 48h», car si ce ne sont pas des facilités d’adaptation ça…

Image paradoxale mais portrait fidèle de mon état d’esprit au 1er janvier dernier, c’est pour vous dire…

en-tongs-dans-la-neige

Mettez-vous à ma place ! En moins de 24h, j’ai violemment changé de cadre de vie, de saison et de langue. J’avais investi énormément d’efforts au Kenya, devoir me désinvestir a été déchirant de tout point de vue. Quitter une métropole africaine à l’ambiance de souk pour plonger dans une ville de province à moitié ensevelie par la neige (et se dire que c’est définitif), ça fout les chocottes. Mon capital enthousiasme était dans le rouge. J’ai été prise dans un tourbillon mental qui menaçait dangereusement mon équilibre nerveux, moi qui suis malléable comme de la pâte à modeler ! Il faut dire que sortir de la routine, j’adore. Mais encaisser un tel bombardement de changements, je ne m’y étais pas préparée. Ré-ré-ré-expatriation ? Qu’y a-t-il de jouissif à l’idée de se trimballer sa maison et ses animaux d’un continent à l’autre une année sur deux ? Faire et défaire, j’en perds mon latin.  Je commence même à croire que j’ai vendu mon âme au diable. Chers dieux de l’expatriation, s’il vous plait, j’exige que la prochaine fois on me laisse au moins vider les derniers cartons !

Voilà un petit coup d’exaspération qui devrait répondre à tous ceux qui me demandent Et alors, c’est super la Suisse, non ? Et maintenant chut ! j’arrête de me plaindre, car depuis nous avons fait un long chemin, n’est-ce pas ? J’irai par points.

Berne, notre nouvelle ville d’accueil

Dès le départ, notre cœur balançait entre vivre à la campagne avec des poules ou se rapprocher de la civilisation. On a préféré la deuxième option, surtout pour nous éviter, moi particulièrement, la camisole de force. Etant donné l’implantation des bureaux de Mister (dans un coin où l’on dénombre plus de vaches que de personnes), et malgré la longue liste de préjugés qu’on a eu la gentillesse de me débiter, Berne (ville de conte de fées) s’est imposée comme le choix le plus convenable du canton. Une appellation pour le moins assez surprenante car celle qu’on surnomme la capitale fédérale a l’air d’une petite ville de province toute pénarde.

berne

C’est sûr, il s’agit d’une ville pour le moins calme, propre et ordonnée. Le centre ville est très animé au quotidien et les transports en commun parcourent jusqu’au dernier recoin de la ville. On retrouve surtout le plaisir de marcher à pied (en faisant bien attention à ne pas se laisser faucher par un tram). Mais à Berne, il n’y a pas que les piétons qui reprennent leurs droits, l’univers de la consommation aussi, et ça j’en avais perdu complétement l’habitude. La culture revient en force, les librairies, les bibliothèques publiques, des petites cinémathèques très sympas. En gros, en quittant le chaos qu’est Nairobi, nous avons retrouvé avec plaisir, mais sans aucune surprise, les aspects quotidiens et spirituels typiques des métropoles européennes.  Côté diversité et multiculturalité, je compte sur Berne pour ne pas me décevoir… ;-).

Nous, nous et nous mêmes

Pour Mister, nouvelle année, nouvelle vie professionnelle. Il est encore sous l’effet « new job », mais il a très hâte de sortir du brouillon. Côté déplacements professionnels, c’est fini le rythme effréné Nigeria-Maroc-Kenya-UAE (même si au fond, c’est moi qui le regrette le plus ;-), du coup il va falloir qu’il se remette au sport. A partir de maintenant, on se contente de l’Angleterre. Mais on ne va pas se plaindre, ça présage du très bon thé !

Pour Madame. Vu que l’expatriation au Kenya a tournée au congé sabbatique (par la force des choses, mais aussi pour le plaisir de prendre le temps de vivre), je recommence mes remises en question (chez moi tout est question de RE). En ce moment, elles m’occupent à plein temps (moi qui ai une peur bleue de l’inactivité) et quand enfin je m’accorde une pause entre deux prises de tête, je tâche d’identifier ces choses que j’aime mais que je ne prends pas trop le temps de faire. Bref, je pratique l’auto-bilan personnel sans besoin de payer un coach. Cependant, il y a des jours où ça n’avance pas du tout car il y a toujours un petit détail qui décourage mes projets, les uns après les autres : ça s’appelle l’allemand. Ou encore, le Dialekt suisse. J’attendrai que ce sujet -qui me passionne un peu, beau coup, à la folie- inspire assez de réflexions pour un futur billet.

Tout va donc pour le mieux. Encore quelques petits réglages à faire, et on pourra se targuer d’un quotidien tout ce qu’il y a de plus ordonné.

Et qu’est-ce que tu fais de l’Afrique alors ?

Je ne risque pas de m’en débarrasser de si tôt puisque elle est bien accrochée au fond de mon cœur. Peut-être qu’elle continuera à faire des apparitions dans ces pages : des infos, des récits, des photos… En clair, tout ce qui fait mon loisir préféré, mais pour l’heure, promis, j’arrête d’emmener incessamment le blog en safari.

Mais où sont passés les poilus?

Si nous étions partis en Afrique à 3, nous sommes rentrés à 4. La vieille Europe, une première pour Kikou le chat kenyan! Le grand voyage de nos deux mascottes s’est très bien passé, un souci de moins à cocher dans ma longue liste. Les premiers jours, ils sont restés apathiques et apeurés, forcément (voyez où ils ont passé ces derniers mois, et vous comprendrez mieux). Puis, il y a eu la visite obligée au véto et nous avons enchainé les piqûres vaccinales. Résultat, maintenant ils pètent la forme… et pas qu’un peu. D’ailleurs, nous sommes à la recherche de petsitters pour nos futures vadrouilles alors si le cœur vous en dit, je vous propose du chez Airbnb en échange… Regardez, ne sont-ils pas mignons?

Et la météo c’est comment ?

Pfutt… comme un mois de mars. Mais pour ceux qui s’intéressent souvent à la pluie et au beau temps, il fallait bien que j’aborde le sujet, non ? Il n’y a donc pas de miracle, ça ne fait pas mine de s’améliorer. Deux mois que je sers de cintre à plusieurs couches de plumes de canard, bonnets en laine made-in-grand -maman et mitaines de toutes les couleurs. Moi qui voyant les champs verdoyer croyais qu’on était déjà en bonne voie pour le printemps… bim ! températures qui chutent et flocons qui reviennent. Heureusement que je peux compter sur des bretzels tout chauds pour me remonter le moral en toute circonstance ;-).

Bon, maintenant que je pense avoir passé en revue tous les aspects essentiels de notre existence, place au cocooning! Fini les grandes plaines africaines, les injera éthiopiennes, les ragouts de chèvre somaliens, les marchés au bétail masaïs, les cris stridents des ibis, le regard mielleux du dik-dik… aïe, aïe, aïe, ça y est la nostalgie me submerge !

Pas mal pour un début d’acclimatation, non ? Maman, papa, belle-maman, le moral est en hausse ! Les démarches et rituels d’intégration dans le canton de Berne on en arrive presque à bout. Pour le reste, ce ne sont que des détails : nous avons plus de 100 cartons à déballer pendant que d’autres se déhanchent encore aux rythmes du Carnaval mais… on aura survécu à la grippe et à notre premier hiver alpin. C’est déjà ça, parce que quand on a tout à recommencer, mêmes les plus petits accomplissements suffisent à vous redonner la patate !

Alors à bientôt, et entre temps, Ich wünsche euch allen ein schönes und sonniges Wochenende car même à travers cette neige tardive, je renifle quand même déjà le printemps !

So

15 commentaires sur « La Suisse, j’y suis, j’y reste »

  1. Hum tu peux donc lire alternativement la ferme africaine de karen blixen et hausfrau de jill alexander essbaum. Je pense que ces deux livres vont fortement te parler.

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    1. Merci pour cette proposition spontanée! En effet, pour Karen Blixen ça me parle bien. Je me suis autant attachée qu’elle au Kenya mais en beaucoup moins de temps ;-). J’aime l’œuvre d’Isak Dinesen (au sens large) en dehors de la « Ferme Africaine ». En revanche pour « Hausfrau », c’est une version de Mme Bovary un tantinet trop trash à mon goût. Le livre interroge sur les conséquences de la dépendance et de la passivité mais dans l’ensemble je trouve que ce bestseller n’aide pas trop à l’image, déjà assez maltraitée, de la conjointe (oui, au féminin) d’un salarié expatrié. Mais bon après tout ce n’est que du romanesque, n’est-ce pas?

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      1. Je conseillais hausfrau surtout pour le côté vie en Suisse Allemande. Le livre comporte un tas de details relatifs à cela et donne étrangement envie de visiter Zurich. L’heroine du bouquin est la seule expatriée du couple, nuance, puisque le Monsieur est Suisse. Je n’ai pas trouvé l’héroïne mal écrite, il y a des choses vraies quant à son état d entre deux, de femme dépressive qui n’arrive pas à s engager pleinement dans sa vie et fuit a travers ses aventures extra conjugales. Sinon je viens de terminer un autre livre nommé the expatriates sur le microcosme expat américain à HK et j’ai bien aimé. Autre bouquin particulier sur la Suisse: Mars de Fritz Zorn, que je te laisse découvrir…

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        1. Je te remercie pour ces propositions de lecture, je vais commencer à me constituer une petite liste d’ouvrages à caser entre mes cours d’allemand. Je note pour Fritz Zorn que je ne connais pas du tout, et si tu as d’autres idées…
          Merci donc d’avoir pris le temps de laisser un commentaire. D’ailleurs, qui es-tu? Vis-tu en Suisse? Je suis d’un curiosité… 😉

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  2. J’imagine que quitter si subitement le pays dont tu nous a tant parlé avec ton enthousiasme et en magnifiques images a du laisser un petit goût amer, cette sensation d’inachevée (que j’avoue avoir ressentie en quittant New York), mais le printemps arrive et pas uniquement météorologique ! Vivement que tu nous partages ton bout de Suisse (c’est un peu intéressé car j’y ai il y a quelques temps cherché du travail pour m’exiler du gris Paris bétonné et que cet endroit du globe reste dans un coin de ma tête pour plus tard). Bon courage dans le déballage des cartons et tu verras, l’allemand te reviendra très vite, ça ne s’oublie pas comme ça 😉

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    1. Je n’aurais pas trouvé meilleure façon de l’exprimer, c’est tout à fait ça « inachevée « . On va dire que l’Afrique m’a fait pousser des ailes et le retour me les a coupées 😉 Mais finalement, j’ai choisi de voir le verre moitié plein. L’allemand, c’est un corps-a-corps avec lui en ce moment! Alors comme ça, la Suisse t’intéresse…?

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  3. Toujours beaucoup de plaisir à te lire, quel humour, je te retrouve. Je ne connaissais pas Berne, Genève oui. Dans tous les cas, tu vas sûrement trouvé de belles visites et à nous partager.
    Au plaisir
    Laure

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    1. Salut lyonnaise! Tu sais, en ce moment mon humour change de couleur comme les caméléons, mais je tâche de ne pas le perdre! Tu me connais 😉 Gros bisous

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  4. J’adore! Comme d’habitude, je fonds en voyant des photos, je souris en te lisant et je renifle en pensant à la neige. Mais je vois ta bonne humeur, ton sourire et les bons moments qui s’annoncent et qui se suivent…
    Pour les petsitters, pense également à « Trusted House Sitters, » c’est un autre site qui pourrait t’intéresser pour vos déplacements: quelqu’un pour garder la maison et les chats. et le jour où Raul et moi on en aura marre de la plage et qu’on voudra aller se perdre dans les montagnes, on vous proposera un échange avec notre bar sur la plage si vous voulez! 😉

    Bonnes raclettes! et belle vie savoyarde!
    bises
    Jul’

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    1. Merci, pour ces mots rassurants Juls! Oui, j’espère vraiment que les bons moments vont se poursuivre dans ce petit pays! Je regarde tout de suite pour l’adresse des services de conciergerie que tu m’indiques, c’est super! Pour les grandes vacances, on n’aime pas les laisser seuls à la maison mais pour des WE ponctuels, on en a grand besoin. Et banco! pour l’échange México lindo contre Berner Oberland 😉

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  5. Ah oui, c’est sûr qu’un voyage Nairobi-Berne, ça dépayse… A part la Laponie, je vois pas bien ce qui aurait pu être encore plus aux antipodes de votre précédente destination 😉
    Bonne acclimatation en tout cas !

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