… et quelques vues de carte postale.

Nous traversons l’une de ces années ou le calendrier de congés français décide de snober le pont du 1er mai (pont ou pas pont, en France le muguet sûrement y était ;-)). Ici au Kenya, les jours fériés qui se font piéger par un weekend se voient parfois transférés au lundi suivant, une pratique aussi très répandue dans mon Espagne d’origine. C’est exactement ce qui s’est passé pour nous le weekend du labour day. Et comme tout bon expat sait vite adopter les coutumes locales, nous avons sauté sur l’occasion pour fuir Nairobi et les fastidieuses pluies d’avril.

En ce moment, la question revient souvent : où voyager au Kenya pendant la mousson ? Difficile à dire, car entre les embouteillages, les accidents de la route et les pluies qui promettent d’être torrentielles, le choix est assez restreint. C’est Raphael, notre perle de chauffeur et ancien guide de safari, qui nous a judicieusement conseillés. Pour côtoyer des plaines moins bourbeuses, nous avons mis le cap vers le sud, au Parc National d’Amboseli.

Et si je vous dis Kilimandjaro, est-ce que ça vous parle?…

Dans l’imagination débordante de tout bon étranger à la recherche d’exotisme, qui dit Kilimandjaro dit Hemingway, et qui dit Hemingway dit forcément Les Neiges du Kilimandjaro, Ava Gardner ou Gregory Peck, littérature, films, romantique, pas romantique, safari… On en revient toujours au même: pour peu qu’on ait l’esprit romanesque, cela fait rêver. Une courte visite à Amboseli et les amateurs de safari confirmés vous diront qu’on en reste marqués pour toujours.  Après 7 mois (déjà !) au Kenya, Amboseli n’est évidemment pas mon premier parc animalier. Mais vu qu’en matière de paysages je me laisse facilement impressionner… je suis tombée à genoux !

Les centaines d’éléphants qui transitent librement, avec en prime la silhouette imposante du Kilimandjaro sur fond de carte postale, font d’Amboseli un incontournable pour le tourisme international au même titre que le sacro-saint Masai Mara. Pourtant, j’ai trouvé que le secret du charme d’Amboseli ne réside pas uniquement dans ses célèbres troupeaux de pachydermes. Il l’est aussi, pour moi, dans l’antagonisme de ses paysages. Éléphants plus paysages, un savant mélange qui s’est très bien débrouillé pour me conquérir (irrémédiablement) lors de cette première visite.

Je suis restée troublée par l’antinomie des paysages rencontrés à Amboseli. Des terrains secs et des kilomètres à peine clairsemés de touffes d’herbe crépues où pas un seul acacia pousse à l’horizon. Des rares zones boisées et une végétation extrêmement rase offrent une visibilité privilégiée sur la faune résidente.  La partie la plus dénudée du parc prend carrément des airs de Pampa argentine. En période sèche, la zone appelée Lake Amboseli (le paradoxe !) est désertée par la verdure produisant ainsi des beaux mirages et des tourbillons de poussière qui s’élèvent au moindre souffle du vent.

Vue du Lake Amboseli en période de grandes pluies

Au moment des grandes pluies (mars-mai),  dans cette étendue stérile, le désert se transforme en bourbier où même les herbes les plus folles ne s’avisent pas de pousser. Des kilomètres plus loin, au milieu de ce plateau aride, des palmeraies d’ol tukai (le palmier autochtone) produisent chez le visiteur le même effet qu’un oasis en plein milieu du désert.

Vue-plan-d'eau-Amboseli

Comment autant de vie sauvage peut-elle survivre dans de telles plaines arides ? Pas de secret, c’est le miracle des neiges éternelles du Kilimandjaro venues étancher la soif des animaux et des plantes. Ses sources souterraines nourrissent en permanence les plans d’eau du Parc National d’Amboseli, d’où l’immense zone marécageuse qui contraste fort avec l’aridité des premiers coups-d’œil. C’est autour de ces étendues vertes constamment inondées que tourne la vie à Amboseli. C’est la que ça se passe, et c’est grâce à l’âme du parc : le Mont Kilimandjaro.

Kilimandjaro-et-Observation-Hill

Vous y verrez d’ailleurs beaucoup de bétail et des enfants bergers Masaïs  ramenant leurs troupeaux de chèvres ou de vaches en pâture. Des images qui peuvent choquer quand on constate le sinistre historique des conflits entre l’homme et la faune sauvage dans ce beau pays, mais vous tenez là le seul parc du Kenya qui autorise la tribu Masaï à y faire pâturer leurs animaux en raison de la surabondance d’eau.

L’appellation Kilimandjaro vient du kiswahili, mais la plupart du temps vous entendrez la tribu Masaï l’appeler OlDoinyo Oibor ou la Montagne blanche. Le Kilimandjaro, j’ai patiemment attendu qu’il se déshabille ! Tous les jours, ponctuelle, à 6h du matin. J’ai même essayé de le chatouiller « kili, kili.. ». Rien à faire, il n’a pas daigné montrer son nez. Et puis le dernier jour, en plein milieu d’un safari, il a commencé à déplacer des couches et des couches de nuages avec l’appui du vent. Je suis restée scotchée. Merci le Kili, c’est un privilège que tu m’offres là, j’aurais été bien déçue de partir sans ton image de carte postale ;-).

Vue du Kilimandjaro-Amboseli

Je suis (très, très) loin d’avoir séjourné dans les parcs animaliers les plus célèbres du Kenya, mais ma première expérience à Amboseli se résume à cela : un lieu magique, pour un weekend magique. La magie du petit matin à Amboseli, vous aurez beau partir très très loin, elle ne vous quitte jamais…

Acacia-au- lever-de-soleil-Amboseli

Visiter Amboseli (sans agent de voyage)

Entrée pour le tourisme : 70/40 USD (adulte/enfant) par journée. La bonne nouvelle étant que le gouvernement vient de comprendre enfin la nécessité de baisser les prix des parcs nationaux. Tous les frais d’accès aux parcs du Kenya via le site officiel du KWS.

L’entrée du véhicule est aussi payante. Le prix est établi en fonction de sa taille ou capacité maximale sans tenir compte du nombre de passagers réellement présents. C’est-à-dire que si votre véhicule à la capacité de transporter 7 personnes, bien que vous ne soyez que deux à bord, vous payerez pour le véhicule complet. Vous devrez également payer l’entrée de votre chauffeur/guide (quelques dollars seulement).

La visite du parc se fait impérativement via des pistes balisées. Il est strictement interdit de quitter son véhicule (attention, carnivores aux aguets) ou de faire du hors piste. Amateurs de photo animalière, prévoyez donc des objectifs puissants et/ou des jumelles de bonne qualité car les animaux sont parfois très loin des pistes.

Une voiture de ville pourrait faire l’affaire en période sèche. Pendant les pluies, carrefours boueux et guets demandent un 4×4 (ou un tour en voiture de safari).

Le parc se visite en toute saison. Par temps sec, hors mousson, il fait très chaud et le parc se transforme en bulle de poussière très fine. Emmener de quoi protéger et nettoyer le matériel de photo.

Le caractère marécageux du parc attire des légions de moustiques au petit matin et à la tombée du jour. Les hôtels étant stratégiquement situés près des plans d’eau pour une meilleure visibilité des animaux, il vaut mieux venir avec une bonne réserve d’insecticide. Ceci est d’autant plus important si vous venez pendant les pluies !

Par la route depuis Nairobi compter 4h minimum (au Kenya on ne donne jamais la durée exacte d’un trajet car la route nous réserve toujours de bonnes surprises). Accessible également par avion depuis l’aéroport Wilson avec Air Kenya, la piste d’atterrissage se trouve dans le parc (frais de transfert à l’hôtel à prévoir). Coût d’un aller-retour 250 USD approx par personne.

Si vous n’avez pas de safari card (permet l’accès direct sans passer par la caisse) ou que vous avez oublié de la charger, il faut impérativement arriver par le sale point de l’Iremito Gate. Mais sachez qu’avec la carte, tous les points d’accès vous sont ouverts.

Si vous logez dans le parc, je trouve que c’est toujours une bonne option d’arriver par l’Iremito Gate afin d’accéder facilement aux hôtels. Le jour du départ, si vous rentrez à Nairobi, en sortant par la Meshanani Gate vous parcourez le côté nord du parc, et vous bouclez la boucle.

En arrivant par l’accès principal d’Iremito Gate, l’état de la route (bitume) est bon, seulement les 40 derniers kms constituent un petit défi mais rien d’insurmontable pour un 4×4.

J’effectue mes safaris avec mon propre véhicule, et j’ai également la chance de compter avec un silver guide de safari à chacune de mes sorties. Le safari étant la source principale du tourisme au Kenya, à Nairobi vous trouverez des dizaines d’agences de voyage avec une palette très variée de prix et de prestations. Avant d’engager tel ou tel agent, soyez vigilant sur le nombre maximum de personnes acceptées par véhicule. Si vous êtes nombreux (ce qui est malheureusement le cas dans les prestations low-cost) c’est la négociation tendue au moment de dégainer vos jumelles ou vos appareils photo à travers le toit ouvrant de la voiture…

10 commentaires sur « Amboseli: un oasis dans le désert »

    1. Yes, you and me are really lucky to have been there. For me, it was love at first sight and I hope I will return soon, or at least once more! My next post is about safari in Amboseli, I am sure it will bring you back good memories of you previous visit. Stay tuned 😉

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  1. Très bel article et encore de magnifiques photos ! On dirait que le Kilimandjaro se dresse comme un fantôme au dessus de la plaine.
    J’ai l’impression que cette nature que tu partage avec nous est vraiment exceptionnelle et, en Europe, aussi belle qu’elle puisse être, elle se fait rattraper par notre ultra urbanisation/modernisme.

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    1. Je t’avoue que j’ai une chance énorme d’être atterrie ici justement, je m’éclate bien plus que je ne l’avais espéré! Tout occasion est bonne pour quitter Nairobi, et je crois que je vais avoir beaucoup de mal à redevenir un « animal urbain » quand le moment du départ sonnera…

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    1. C’est que j’ai lourdement insisté… mais il est d’une timidité maladive! J’attends ma prochaine visite pour voir s’il se montre un peu plus dé-brouillard 😉

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