Randonner à proximité de Nairobi: le cratère du Mount Longonot National Park, un volcan en sommeil

Cinq heures de nature par mois suffiraient à notre bienêtre et préviendraient le cafard d’après un groupe de chercheurs finlandais.  Voilà le pronostic du National Geographic de janvier dernier à propos des bienfaits du milieu naturel. Morale: s’agissant de combattre le stress, ces nordiques ont l’air bien plus avisé que mon médecin traitant parisien!

Tant qu’à faire, et puisque le milieu naturel est roi au Kenya, nous avons suivi leurs conseils pendant que la saison des pluies se tenait à une distance raisonnable. Maintenant, avec la mousson à nos trousses (et non, depuis quelques jours ce n’est plus une rumeur!), on est carrément pressés de profiter de ces derniers weekends de liberté, car si l’on croit la mythologie locale, on risque vite de se retrouver assiégés par des pluies torrentielles.

Bon, tous ces préambules pour vous dire que récemment on s’est attaqué à notre premier volcan en Afrique de l’Est. Respect, hein ?! Ce fût une courte visite mais une longue balade au Parc National du Mont Longonot. Ce vénérable volcan en sommeil qui cache souvent la tête dans les nuages nous titillait depuis déjà un bon moment. Difficile de ne pas le voir, il se lève majestueux à votre gauche lorsque vous circulez vers le nord du Great Rift Valley en direction de Naivasha. Des points de vue avec plusieurs dukas (petites boutiques) ont été aménagés pour les quelques (très peu) touristes de passage. La vue depuis ces belvédères de fortune est magnifique, mais la photo souvent décevante à cause des nuages qui ne cessent de bouger. Même à la belle saison, les nuages viennent balayer le ciel du Grand Rift presque en permanence. C’est pourquoi contempler le Mont Longonot sous un ciel dégagé n’est jamais acquis d’avance. Les photographes locaux disent de lui qu’il est moody, moi je dis qu’il ne se montre qu’aux plus veinards 😉

Vue aérienne du Mont Longonot au Kenya

**Photo aérienne du Mont Longonot, crédit site officiel du KWS

De façon surprenante, en cette journée de la mi-mars la météo nous faisait cadeau ! En arrivant à l’aube, les randonneurs étaient déjà légion… pour vous dire à quel point la balade est populaire.

Le parcours du Mount Longonot

On s’affranchit de la taxe d’entrée au parc, on échange quelques courtoisies avec d’autres marcheurs venus faire l’ascension au cratère (certains pour la troisième fois) sous un ciel dépouillé de nuages, puis allez hop, on est prêts pour la montée !

Le chemin démarre après le poste des rangers du KWS où se trouve le seul parking autorisé. Il faut s’attendre à un chemin plat sur 500 mètres approx, puis ensuite 3km de montée jusqu’au rebord du cratère. La montée s’amorce en douceur mais le chemin devient vite pénible. Quand on s’aperçoit qu’on est en train de marcher dans une crevasse, on se dit qu’on aimerait être une chèvre le temps de la montée! La roche est sévèrement creusée, rendant la route fragile à de nombreux points. A qui la faute ? Aux trombes d’eau? L’érosion et le passage des marcheurs n’aident pas beaucoup. Malheureusement, la poussière est aussi de la balade.

Dans certains recoins, on a renforcé le chemin avec des marches  en béton ou des sacs de sable censés empêcher l’effondrement des parois.

Des acacias épineux bordent la montée. On les appelle des whistling acacias, car le vent resté coincé dans les coques émet un sifflement très particulier.  Ce qui ressemble à des piques apéro n’est autre qu’une stratégie rusée pour se protéger contre les herbivores.

Acacia épineux

Quand on aperçoit enfin la minuscule paillasse perchée en haut de la montagne, c’est le signe qu’il ne reste plus que la moitié du chemin. Jusqu’au rebord, il faut compter 1h de montée avec difficulté modérée et plutôt exténuante pour les derniers 500 mètres.

Sauf à réussir la télétransportation comme Harry Potter, on arrive essoufflés et en nage. Et là, je vous assure, qu’à la vue du cratère boisé, on ne peut que laisser échapper un « p’tain, ça valait vraiment le coup ! ». Tout droit sorti du cœur, on l’entend dans toutes les langues!

Vue du cratère boisé du Mont Longonot

On débarque sur le côté opposé au point le plus haut du cratère : celui qui représente le vrai défi. En général, les touristes du dimanche s’arrêtent là. Nous autres, on repart pour le tour complet de ce sublime cratère cranté ! 😉

Un randonneur pointe vers le plus haut sommet d'un volcan

Deux possibilités : faire le tour dans le sens des aiguilles d’une montre où la distance est plus longue et éprouvante jusqu’au sommet ; ou marcher dans le sens contraire, si l’on est très pressé d’y arriver.

Nous avons choisi d’aller à gauche, non pas que nous aspirons au martyr mais parce que nous cherchons la complicité du soleil pour les belles photos que je partage ici. Et malgré la difficulté, c’est sans regret. Le tour commence tout doux tout mielleux, et puis se transforme peu à peu en succession de sommets rocheux et très escarpés où l’on finit par ranger le bâton pour se servir des deux mains.

Vous tenez là un vrai entrainement pour la rando en montagne ! La traversée des Ngong Hills c’est de la gnognotte ! Dans le sens de la descente, des roches nues, des billes de lave et des éboulis… on est tentés de dévaler la pente sur les fesses tellement ça glisse.

Près du sommet connu comme « la bosse du chameau », on trouve beaucoup de monde en face ! Très étroit, on ne passe pas tous en même temps, on cède le passage à tour de rôle, voire on s’entraide. Une fois sur la « bosse » à 2776 mètres quand même, le panorama à 360 C est époustouflant : le Lac Naivasha, les Ngong Hills, la chaîne des Aberdare, le Mont Suswa, les cratères secondaires… ils sont tous au rendez-vous ! Bref, la région sud du Kenyan Rift Valley se dévoile entièrement pour vous. Grandiose !

Vue sur le Rift Valley depuis le sommet du Mont Longonot, Kenya

Après la bosse, il reste à peine un tiers du chemin à parcourir jusqu’à la paillasse qui signale le point de descente.

A l’arrivée, je suis interloquée : une bonne tripoté de kenyans à l’air pas trop sportif (tongs, chaussures à talon, mini-jupe, sac à main de cocktail !?…) sont montés (comment fait-on avec la mini-jupe ??) s’assoir contempler le paysage et repartent en laissant derrière eux une traînée interminable de bouteilles en plastique (le matin, le chemin était nickel). C’est la conséquence néfaste du développement du tourisme local, la sensibilisation à l’environnement en est à peine à ses débuts. Ces six derniers mois de séjour au Kenya devraient m’accorder une certaine crédibilité, et d’après ce que je constate, pour un pays qui ne pense qu’à vendre au tourisme international (au prix le plus cher) ses ressources naturelles et animalières… IL A DU BOULOT !

Je sais, il faut toujours que je pousse mon petit coup de gueule (faut être critique qu’on me disait à l’école…).

Avis aux amateurs

Droit d’entrée au parc national : touristes 30 USD
Tous les tarifs 2016 par ici.

Seulement à 1h30 de Nairobi, à 90km. Cela laisse le temps de quitter Nairobi (véhicule propre) à une heure raisonnable et démarrer la montée vers 9h. Pour venir en matatu (bus locaux), il faut passer par Naivasha, mais ça rallonge le trajet.

En tout, il faut compter 6h dont 2h l’aller-retour jusqu’au rebord du cratère, plus 4h le tour du cratère complet à rythme cool. Les kenyans qui s’entrainent pour le prochain marathon le feront en deux heures, je me demande toujours comment ces athlètes réussissent à dompter leur souffle à une telle altitude. Chapeau bas !

Gare aux appareils photo, trop de poussière sur le chemin. Après la balade, j’avais l’impression de m’être roulée dans de la farine !

Pas de points de repos ni d’ombre. A vos casquettes !

Le rebord est à 2 560 m mètres d’altitude et le tour du cratère fait 7 km, atteignant sont point le plus haut à 2776 mètres. Le sentier étant très étroit et dangereux,  en cas de chute vers l’extérieur, on dévale la pente à vitesse d’enfer ; vers l’intérieur, on plonge à pic. Perso, je n’embarquerais pas des gosses de moins de 12 ans pour le tour du cratère…

Pas besoin de guide ou de ranger accompagnateur pour cette rando (tiens, pour une fois !), sauf pour la descente dans le cratère boisé dont le seul intérêt est d’y faire du camping. Dans ce cas, attention aux buffles qui ne sont jamais loin.

Pour mieux appréhender la nature majestueuse du cratère en se tenant à distance, vous avez deux routes en partance de Nairobi. L’autoroute A 104, en amont, qui traverse un col offrant des belles vues à son point le plus haut. Ou, ce que l’on connait comme la Old Naivasha Road via Mai Mahiu, une voie parallèle à la précédente et terriblement transitée par des camions. Personnellement, je préfère cette dernière car les vues sur le Longonot sont époustouflantes mais la circulation des poids lourds s’avère une vraie nuisance (et un gros danger !).

Si vous hésitez à faire le tour complet, c’est une balade assez âpre sur l’ensemble mais je vous promets que les vues vous feront oublier l’effort, surtout lorsque vous apercevrez les belles girafes de Rothschild dans la forêt d’acacias voisine.

N.D.B- Et s’il vous plaît, ne faites pas comme les locaux, ramenez vos bouteilles vides avec vous !

7 commentaires sur « J’ai randonné sur un volcan! »

  1. Wow, cette balade m’a l’air d’être plutôt ultra sportive voire aventureuse, mais encore une fois, quelle magnifique nature (soupir d’envie en regardant les tours du 13ème parisien) ! Ton stock de nature sera bien rempli 🙂
    Coup de gueule partagé : j’apprécie ta lucidité et transparence sur ce « mauvais tourisme », car étrangement, j’aurais pensé que les gens, locaux ou non, respecteraient davantage ces paysages sauvages qui ont l’air préservé (sur papier glacé).

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    1. Moi je t’envie le Pad Thai des restos du 13ème, ici il est minable 😉 Côté Kenya, la préoccupation pour l’environnement est là où celle de l’Europe était il y a 50 ans. Beaucoup de retard mais c’est la volonté qui compte!

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  2. Wahou, magnifique ! Tu m’envies la vie culturelle shanghaienne mais quand je vois ça je peux te dire que je t’envie grandement cet environnement naturel préservé et non pollué. Dieu que ça doit permettre de se ressourcer et regonfler ses réserves ! Mon royaume pour un bol d’air non pollué…

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    1. Oui, je t’avoue que côté nature je ne pouvais pas rêver mieux! J’essaie de profiter à fond de mon séjour au Kenya aussi court soit-il. Vivre à Nairobi n’est pas de tout repos. Le sentiment d’insécurité dans la capitale est palpable au quotidien, sortir tous les weekends respirer ailleurs est la meilleure thérapie qu’on ait pu trouver jusqu’à maintenant. Mais je continue de penser qu’un peu de cinéma, de théâtre et d’expos me ferait le plus grand bien, surtout en cette période de mousson. Il ne nous reste plus qu’à trouver le moyen de faire un échange 😉

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